Signalement au Procureur de la République

Victor DUPREZ
14 rue des Minimes
75003 Paris

À l’attention de Monsieur / Madame le Procureur de la République
[Tribunal judiciaire compétent – ex. : Tribunal judiciaire de Paris]

Objet : Signalement d’une situation personnelle et crainte d’une mesure injustifiée d’obligation de soins

Monsieur / Madame le Procureur,

Je me permets de vous adresser ce courrier afin de vous faire part de mon inquiétude quant à ma situation actuelle, notamment sur le plan psychiatrique, et du risque qu’une mesure d’obligation de soins soit envisagée de manière infondée.

Je m’appelle Victor DUPREZ, j’ai 33 ans, je réside à Paris. J’ai été hospitalisé à deux reprises en psychiatrie à l’hôpital Saint-Antoine à Créteil (Val-de-Marne - 94), la dernière hospitalisation remontant à 2016.

Depuis mai 2017 jusqu’à décembre 2022, j’ai exercé au sein du Starbucks Coffee de la Gare de Lyon, une franchise gérée par le groupe international SSP. J’y ai débuté comme barista, puis évolué au poste de formateur, avant de devenir assistant manager à la demande de mes supérieurs.

En 2022, j’ai entamé une reconversion professionnelle dans le domaine de l’informatique, en suivant deux bootcamps ainsi qu’une alternance (que j’ai quittée en raison d’un désaccord avec mon entreprise). Aujourd’hui, je suis revenu à mon poste de barista au sein du même établissement Starbucks, en CDI, tout en continuant à développer mes projets personnels dans le domaine informatique, par passion.

Sur le plan personnel, je suis converti à l’islam depuis mes 19 ans. Cette démarche spirituelle fait partie de mon équilibre. Cependant, je crains que cette dimension de ma vie ait pu susciter à tort certaines inquiétudes, notamment en 2016, lors de ma dernière hospitalisation.

Depuis plusieurs années, je suis suivi par des psychiatres en CMP. Malheureusement, les nombreux changements de praticiens me donnent le sentiment de devoir constamment recommencer à établir une relation de confiance, à réexpliquer mon parcours, et à me justifier sur mes choix de vie. Cela représente pour moi une charge émotionnelle et psychologique importante, alors même que mes professionnels de santé successifs ont toujours constaté que mon état est stable.

Ma famille, qui m’a longtemps soutenu, a parfois des inquiétudes qui peuvent peser lourdement sur mon quotidien. En particulier, ma mère — bien que bienveillante — a récemment alerté ma psychiatre à la suite de tensions familiales et d’une période émotionnellement difficile liée à la rupture avec une personne qui a beaucoup compté pour moi, Madame Cindy MARY, experte immobilière à BPCE. Notre relation, marquée par plusieurs séparations, a été une source de souffrance, et je reconnais que cette dernière rupture a été particulièrement difficile à vivre.

Malgré cela, je suis resté totalement autonome, financièrement indépendant, inséré professionnellement et socialement, et entouré d’un solide réseau. Ma psychiatre actuelle, Madame Provost, m’a confirmé récemment que « rien dans mon comportement ne semble inhabituel ». Pourtant, suite à l’intervention de ma mère, il m’a été demandé de reprendre un traitement médicamenteux que je ne souhaite pas suivre, car il m’apparaît injustifié et contre-productif.

Je redoute qu’un refus de ma part soit interprété comme un signe de décompensation, et donne lieu à une mesure d’obligation de soins, alors même que mon état ne le justifie en rien. Cela aurait des conséquences négatives sur ma santé mentale, mon autonomie, ainsi que sur mon avenir professionnel.

Je vous informe donc, en toute transparence, qu’à l’occasion de mon prochain rendez-vous avec ma psychiatre prévu le 25 mars 2025, je lui exposerai mon refus de reprendre le traitement. Cette décision est le fruit d’une réflexion personnelle, fondée sur une observation lucide de mon état, et de mon droit à décider librement de ma prise en charge, tant que mon comportement reste stable et non problématique.

Je vous remercie de l’attention portée à ma situation, et reste à disposition pour tout complément d’information si nécessaire.

Veuillez agréer, Monsieur / Madame le Procureur de la République, l’expression de mes salutations respectueuses.

Victor DUPREZ

Mail adressé à ma psychiatre

Bonjour Mme la Dr Provost,

Je vous écris pour vous informer que je ne pourrai pas être présent au rendez-vous prévu demain, mardi 29 avril à 11h00.
Je suis désolé de vous prévenir aussi tardivement, mais j’ai réellement pris le temps de réfléchir profondément à cette question, et ce n’est qu’aujourd’hui, à la veille de notre rendez-vous, que ma décision s’est confirmée avec clarté.

Depuis ma sortie de l’hôpital en 2016, j'ai toujours respecté de manière rigoureuse le suivi proposé par le CMP, à raison d'un rendez-vous psychiatrique tous les deux mois et d'une injection mensuelle jusqu'à l'arrêt de mon traitement il y a maintenant plus d'un an. Cet arrêt avait été décidé en concertation avec vous, dans un contexte de stabilité durable de ma situation.

Récemment, il a été évoqué la possibilité d'une reprise du traitement, suite à des inquiétudes exprimées par ma famille. C’est ce contexte qui m’a amené à formaliser, par une lettre adressée au Procureur de la République (lettre que je vous ai transmise), mon refus de reprendre un traitement que je considère injustifié.

Par ailleurs, il avait également été question, il y a quelques mois, d'envisager un passage vers un suivi en libéral, ce qui me paraît aujourd’hui encore plus pertinent.

Je tiens à rappeler que je ne suis pas sous obligation de soins, et que, dans ce cadre, je dispose du droit de consentir librement — ou non — aux rendez-vous et au suivi proposé par le CMP. Compte tenu de la démarche que j’ai dû entreprendre auprès du Procureur, et afin d'éviter toute situation où nos échanges pourraient être biaisés ou mis sous pression, j’estime qu’il est préférable, par souci d’apaisement et de clarté, que notre suivi institutionnel prenne fin également.

Ma décision n’est pas une rupture vis-à-vis du soin dans son ensemble, mais une volonté de continuer un suivi, en toute indépendance et dans un climat de confiance mutuelle, auprès d’un praticien libéral, comme nous l’avions déjà envisagé ensemble.

Je vous remercie vivement pour l'accompagnement que vous m'avez apporté depuis toutes ces années, pour votre écoute et pour le chemin parcouru. Je reste disponible si besoin pour finaliser administrativement mon dossier.

Je vous adresse mes salutations respectueuses,

Victor DUPREZ
14 rue des Minimes
75003 Paris
07 51 24 39 33 
duprezvictor4@gmail.com